L’après Covid, pour une revalorisation de la QVT et une humanisation des pratiques managériales
La crise de la Covid-19 est inédite de par son ampleur et sa forme. Elle peut et doit servir d’opportunité pour encourager le changement et l’humanisation des modes de gestion et de management actuels. En effet, avec la crise sanitaire, on a pu voir à quel point les entreprises pouvaient se montrer résilientes et innovantes en cas d’urgence. Il faut maintenant veiller à rendre pérennes les innovations en pratiques managériales à impact positif.
De manière plus générale, la crise a permis de mettre en lumière l’importance d’instaurer un modèle économique soucieux de l’équité sociale et du bien-être au travail. On a pu appréhender cette dernière année une véritable revalorisation du secteur des ressources humaines et de la qualité de vie au travail (QVT), enjeu clef dans la vie professionnelle des travailleurs d’aujourd’hui.
La QVT, au cœur de ces nouvelles pratiques, parce que bien-être rime avec « bien-faire »[1]
Il est maintenant largement admis que le bien-être au travail a un impact positif sur la performance des employés. « On sait que le bien-être subjectif a des effets positifs sur la santé. Il influence aussi la créativité, la capacité à résoudre des problèmes et le comportement prosocial (Lyubomirsky et al., 2005).[…] Le bon moral des salariés crée davantage de coopération ainsi que de meilleures relations avec les clients et les fournisseurs (Riketta, 2008). »[2] Le lien entre bien-être des salariés et prospérité de l’entreprise n’est plus à prouver.
Le BIT (Bureau International du Travail) s’est d’ailleurs essayé au calcul du coût des accidents et des maladies liés au travail. « Le Bureau International du Travail a estimé […] que les coûts économiques des accidents et des maladies liés au travail représentent l’équivalent de 4 % du produit intérieur brut à l’échelle mondiale »[3] Les recherches en sciences sociales montrent que les enjeux liés à l’organisation et à la répartition des rémunérations en entreprises constituent aussi des facteurs clefs du bien-être au travail. L’autonomie et la confiance sont également en haut du classement et ne font que progresser. Jouir d’une forte autonomie au travail et se sentir reconnu produiraient les mêmes effets sur la satisfaction au travail que le doublement de son salaire.
Pas de retour en arrière : les travailleurs doivent pouvoir gagner en autonomie et en flexibilité, notamment pour la gestion de leur salaire.
Un des chantiers majeurs de la QVT est celui du bien-être financier. Un travailleur qui appréhende chaque fin de mois en raison des difficultés financières ne peut être épanoui et efficace. La précarité financière et donc un enjeu sociétal essentiel, étroitement lié à celui de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. On a pu voir que donner plus de souplesse et d’autonomie aux travailleurs est un excellent levier de performance en plus d’augmenter la satisfaction au travail. Le télétravail en est un très bon exemple. Bien qu’il ne soit pas adapté à toutes les situations ni à tout le monde, des études déclarent qu’il aurait fait « grimper la productivité des salariés de 22 % selon les calculs de l’institut Sapiens. Cette efficacité a notamment contribué à préserver plus de 200 milliards d’euros de PIB en 2020. »[4] Or, il peut être compliqué de manager de grandes équipes, notamment à distance, car les situations individuelles variées sont trop nombreuses pour être traitées efficacement. Il s’agit donc de donner plus de souplesse aux individus afin qu’ils puissent faire les adaptations et les changements qu’ils considèrent nécessaires pour protéger leur équilibre entre vie professionnelle et vie professionnelle, et ainsi optimiser leur performance au travail. Stairwage, en proposant un outil pour obtenir facilement un acompte sur salaire, redonne aux employés le contrôle sur leur salaire.
Faire face à l’imprévu et vivre l’incertitude sereinement : un nouveau challenge
« Parmi la multiplicité des facteurs qui joue sur la santé des salariés, les modalités organisationnelles et la gestion des incertitudes apparaissent de plus en plus incontournables. »[5] Et cela s’est confirmé avec la crise de la Covid.
Il s’agit de se reconcentrer sur le capital humain
Cette crise nous aura rappelé que l’homme ne peut pas tout contrôler ni prévoir. Des habitudes tenaces comme le travail au bureau peuvent disparaître en quelques semaines comme ce fut le cas avec le premier confinement et le développement fulgurant du télétravail. Se battre pour préserver des modèles de management qui deviendront inévitablement obsolètes est une perte d’énergie chronophage. A contrario, l’humain sera toujours au cœur du management. Il s’agit donc de se reconcentrer sur le capital humain, de porter l’attention sur les forces individuelles de chacun et de les protéger. L’homme peut se montrer résilient, à condition qu’on lui en donne les moyens. C’est pourquoi il faut se recentrer et reconsidérer les enjeux de santé, de sécurité et de bien-être au travail, si l’on veut se préparer à faire face du mieux possible aux futures crises. Les acteurs des secteurs RH et QVT ont gagné en importance durant la crise, et il est essentiel de soutenir cette tendance pour l’avenir.
En outre, il nous faut également modifier notre rapport à l’imprévu. En matière de gestion, nous avons fondé une science de la prévision et de la planification qui pêche en terme de flexibilité et souffre d’impuissance face à ce genre de crise. Au vu des nouveaux enjeux climatiques, les crises comme celle que nous connaissons aujourd’hui ne risquent pas de disparaître, mais plutôt de se multiplier. La question pour nous n’est pas de savoir comment les anticiper, mais d’apprendre à se montrer résilients. Savoir vivre dans l’incertitude est un nouvel impératif. La gestion prévisionnelle ne suffit plus, il faut innover en termes de gestion de l’imprévu et de management des risques. Pour ce faire, l’adaptabilité et la flexibilité sont deux armes dont les secteurs RH et QVT vont devoir se doter rapidement. Se préparer à faire face aux imprévus c’est aussi se préparer à saisir les opportunités et tenir compte des évolutions sociétales, une nécessité pour développer une entreprise pérenne et responsable.
[1] OlivierBachelard, Optimiser le bien-être autravail et la performance globale : enjeux et perspectives, Regards 2017/1(N° 51), pages 169 à 179
[2] ClaudiaSenik, Avant-propos. Le bien-être destravailleurs est-il source de productivité accrue ? Bien-être au travail(2020), pages 11 à 17
[3] OlivierBachelard, Optimiser le bien-être autravail et la performance globale : enjeux et perspectives, Regards 2017/1(N° 51), pages 169 à 179
[4] HayatGazzane, Le Figaro, publié le 15/03/2021
[5] OlivierBachelard, Optimiser le bien-être autravail et la performance globale : enjeux et perspectives, Regards 2017/1(N° 51), pages 169 à 179
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